Histoires de femmes artistes, artistes intemporelles

Merci au Musée de Picardie pour cette table ronde inspirante sur l’histoire des femmes artistes ce samedi 04 février. Merci à Laure Adler, Camille Viéville et Florence Ben Sadoun de nous avoir invités, avec leur analyse des archétypes et codes de l’histoire de l’art, à ne pas être manichéen, à respecter la parole de tous, en évitant la dualité, car à la lecture des bibliographies de 50 femmes créatrices de la Renaissance jusqu’à nos jours, on s’aperçoit qu’elles ont pour la plupart, juste cherché l’autonomie pour avoir le droit d’exercer leur art, témoin de leur environnement avec leur sensibilité particulière.

S’il a fallu attendre 1880 pour que les femmes aient le droit d’apprendre l’histoire de l’art et d’accéder aux ateliers, si certaines ont utilisées leur art pour imposer le mouvement féministe, la plupart ne souhaitaient pas en faire leur moteur dans leur travail et croyaient avec humilité, en l’intemporalité de leurs créations, dans un don de soi au monde.

Les femmes artistes ont et peuvent encore être vues dangereuses par les hommes, craignant que leur créativité les éloigne de leur foyer, ce qui expliquerait que certaines de leurs œuvres soient encore cachées dans les réserves comme celles de Joan Mitchell à Beaubourg. Cette femme artiste (1925-1992) s’est acharnée avec passion, force et courage, à s’imposer dans un univers masculin non pas pour faire reconnaitre son talent car elle connaissait sa juste valeur, mais juste pouvoir en vivre auprès de ses chiens, dans la nature, en France à Vétheuil, face à Giverny et les peintures de Monet. Les œuvres de Joan Mitchell, caractérisées par l’intensité de sa palette ont été davantage inspirées des tournesols de Van Gogh. Elles sont actuellement exposées jusqu’au 27 février à Giverny pour celles et ceux qui souhaitent connaitre cet artiste et sa fureur de peindre (ou lire le récit de sa vie par Florence Ben Sadoun).

Enfin, on retiendra que ce qui leur permet d’en vivre et d’être reconnue, est de se rassembler entre elles, à l’exemple de l’exposition à Arles de ces photographes allemandes, exposant des hommes et femmes de leur temps et montrant ainsi la vie qui déborde malgré la répression et la solitude de l’individu au sein de la société. L’effet de sororité, mais aussi la complicité amicale, fraternelle avec les hommes, comme le couple d’artistes Yoko Ono et John Lennon, ont montré qu’en collaborant avec d’autres, les femmes artistes peuvent croire en elles et fédérer autour d’elles, d’eux, forces vitales et élans créatifs.