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Patricia DELATTRE - Psychologue

Psychologue clinicienne pour enfants, adolescents et adultes - Cabinet : 18 rue Creton 80000 AMIENS - Tél. : 06.34.23.89.18 - Mail : patricia.delattre@yahoo.fr

Comment aider un proche à faire face à un traumatisme psychique, un choc émotionnel, à la suite d’un évènement de vie ?

La douleur, Ernest Hulin (1908) - Musée de Picardie à Amiens

La douleur, Ernest Hulin (1908) - Musée de Picardie à Amiens

Un proche vient vous voir, ou bien il s’agit de votre enfant, visiblement choqué (c’est subjectif, mais vous percevez qu’il est différent, agité, ou trop calme, replié, en pleurs, euphorique, etc…). Cet article vous est donc destiné.

Certaines épreuves, évènements soudains, ou une succession d’évènements peuvent venir submerger la capacité d’une personne à intégrer les émotions et les pensées liées à cette expérience.

Cela peut être le décès d’un proche, une rupture amoureuse, une perte d’emploi, l’annonce d’une maladie grave, un accident, une agression, des humiliations, une trahison, la mise en péril de ses valeurs, etc…

L’impact émotionnel sera différent d’un individu à un autre, voire pour une même personne selon le moment où le dit évènement arrive dans sa vie. Nous nous intéressons ici au choc émotionnel, au traumatisme psychique, lorsque l’épreuve fait l’effet d’un tsunami.

Le psychologue n’est pas toujours la personne vers qui on va se tourner spontanément. Or, pour éviter les séquelles telles que le stress post-traumatique, la dépression réactionnelle, il est nécessaire d’intervenir rapidement. Voici quelques pistes pour l’aider :

 

1- Accueillir la souffrance de votre ami/parent :

Celui qui a déjà été présent pour un ami, un parent choqué par un évènement traumatisant, sait instinctivement qu’une attitude chaleureuse est nécessaire. On peut d’ailleurs ressentir l’onde du choc, c’est-à-dire être choqué soi-même par ce qui vient de lui arriver, sans pour autant être éprouvé avec la même intensité. C’est l’empathie, voire de la compassion. A chacun sa nuance, sa façon de vivre la relation à l’autre, d’être à l’aise avec l’intimité de l’autre, avec les émotions, les siennes, celles des autres.

En bref, soyez vous-mêmes, faites en fonction de votre personnalité : untel offrira de s’asseoir et apportera un café, pour d’autres prendre dans ses bras la personne éprouvée se fera naturellement.

Accueillir la souffrance n’est pas l’apanage du psychologue, il est question de solidarité, d’entre-aide, d’humanité. Montrez que vous êtes touché par sa détresse, soyez disponible totalement même si c’est juste une demi-heure.

Attention : ce n’est pas parce que vous proposez votre aide que la personne en souffrance va saisir la perche que vous lui tendez. Après un choc émotionnel, la personne va être ambivalente, oscillant entre « j’ai tant besoin d’être aidé » et « surtout ne fait confiance à personne ». Cette peur qui peut générer des conflits, est en fait une réaction de survie, la psyché mais aussi le corps sont en alerte, vigilant face à une éventuelle autre menace…

 

2- Laisser la personne s’exprimer :

Invitez-la à raconter son histoire, de manière à ce qu’elle s’affirme, reprenne possession de ce qu’il vient de lui arriver. Ecoutez-là, c’est déjà beaucoup. Répétez ce que vous avez compris, tout simplement. S’entendre en écho, avec vos mots, la fera cheminer, donnera du sens à ce qu’elle éprouve et qui est encore, à cette étape, difficile à comprendre, à digérer.

Si vous ne vous sentez pas à l’aise avec ce qu’elle vous confie, ne fuyez pas, soutenez-la autrement, en partageant votre repas, en lui rendant visite, en vous proposant pour l’aider, etc… tout en veillant à respecter ses propres limites : qu’est-ce que je peux lui donner qui ne me mette pas en difficulté ?

Si elle compte pour vous, ne l’abandonnez pas. Dites-lui tout simplement que ce n’est pas facile pour vous, mais assurez-lui que vous voulez être là, et invitez-la à aller se confier à un psychologue, à consulter son médecin traitant si besoin. N’y-a-il pas également une autre personne que vous dans l’entourage, sur laquelle ce parent, cet ami en souffrance, puisse compter ?

Attention :

  • Ne banalisez pas : à proscrire absolument les comparaisons maladroites comme «mais voyons, ça arrive à pleins de gens ! »

  • Ne le culpabilisez pas en lui lâchant : « fallait bien que ça arrive !», ou « tu aurais dû t’y prendre autrement »

  • Vous allez avoir l’envie, même si elle part d’un bon sentiment, de lui apporter une solution, gardez-vous en ! Ne jouez pas les sauveurs, vous le renforcerez dans sa position de victime. Pour aller mieux, il faudra qu’il se prenne en mains, relève des défis, à son rythme. C’est là que vous l’aiderez le mieux : avec vos encouragements.

  • Et si vous vous sentez agacé, qu’il semble se lamenter, qu’il déverse sur vous un flot de plaintes maintes fois entendues, ne craignez pas d’être maladroit, dites votre impression d’être dans une impasse, et faites-vous aider d’un psychologue. Je reçois aussi des aidants, pour les soutenir. Parfois une relation amicale ou familiale peut être aliénante, il est alors sain de mettre de la distance entre vous, pour vous comme pour lui.

  • Dans tous les cas, demandez-vous pourquoi vous vous investissez autant.

 

3- La remise en route, l’heure de se reconstruire :

La personne blessée va devoir mobiliser ses ressources pour regagner confiance en elle. Mettre des mots sur le vécu douloureux n’est plus suffisant, il faut se remettre en route, tracer son sillon, agir, faire des expériences gratifiantes, prendre le risque de tomber encore, reprendre soin de soi, s’ouvrir aux autres.

Vous pouvez l’aider en lui demandant un service, par exemple. Cela rétablira l’équilibre dans votre relation. Aider, c’est donner avec plaisir, mais pas toujours… c’est fatigant, stressant d’accueillir un proche en pleurs, en colère. Cela perturbe l’emploi du temps, renvoie à des souvenirs personnels qui nous travaillent après-coup.  Celui qui reçoit l’aide peut se sentir penaud de vous déranger, sa fierté est mise à mal, il se sent redevable… cela rajoute de la peine à sa peine, pour s’en défendre il peut alors vous éviter. Revenez vers lui alors.

Ici encore pas de recette, parlez-lui de votre quotidien, de vos projets… Même si elle n’a pas encore le moral, que le futur l’inquiète, que son corps est encore éprouvé, cela crée chez la personne en reconstruction un climat propice au changement, au renouveau.

Comment aider un proche à faire face à un traumatisme psychique, un choc émotionnel, à la suite d’un évènement de vie ?

Pour aller plus loin :

Un merveilleux malheur, Boris Cyrulnick, Editions Odile Jacobs, 1999.

La résilience à quel prix, Michel Hanus, Editions Maloine, 2001.

La Traversée des tempêtes - Renaître après un traumatisme, Saverio Tomasella, Eyrolles, 2011

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