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Patricia DELATTRE - Psychologue

Psychologue clinicienne pour enfants, adolescents et adultes - Cabinet : 18 rue Creton 80000 AMIENS - Tél. : 06.34.23.89.18 - Mail : patricia.delattre@yahoo.fr

Disparition des ministères de l’Enfance et du Logement : quand l’homme se désintéresse de son enfant intérieur

Sculpture d'Alexander Milov : quand l'enfant intérieur veut communiquer dans un conflit

Sculpture d'Alexander Milov : quand l'enfant intérieur veut communiquer dans un conflit

Psychologue, je constate de plus en plus l’aberration de notre système politique, même si j'observe, fort heureusement, les bonnes initiatives locales.

 

Je souhaite vous interpeler aujourd’hui au sujet de la suppression du Ministère de l’Enfance et de celui du logement.

 

La semaine passée, j’ai failli être réquisitionnée pour une expertise psychologique d’un enfant victime de maltraitance. La gendarmerie d’une ville de l’Oise (je précise que j’habite les environs d’Amiens dans la Somme) m’appelle en me demandant de bien vouloir que je reçoive cet enfant le jour même, ou au plus tard le lendemain matin (avant la fin de la garde à vue de l’auteur des violences)… car il n’y avait pas d’expert disponible ni dans l’Oise, et ni même dans la Somme… auquel cas un psychologue libéral allait être nommé en urgence par le Juge des Affaires familiales.

 

Dans l’impossibilité moi aussi de répondre à cette urgence, j’ai réorienté ce gendarme vers une consœur en libéral dans l’Oise. Quel non-sens pour ce gendarme, d’interpeler un auteur de violence si l’enfant ne peut être expertisé dans les délais impartis ! Que de temps perdu à devoir chercher dans plusieurs départements un expert ! Voilà un exemple de la détresse des policiers qui les mène eux-aussi de plus en plus au burn out, et voilà le sort des psychologues experts qui ne sont pas assez nombreux et doivent répondre à des demandes de plus en plus urgentes ou les refuser faute de ne pouvoir véritablement y répondre, avec la frustration et la colère qu’il faudra tout de même élaborer…

 

Notre pays se détourne de ses enfants et de ceux qui sont dans le besoin…et donc des travailleurs sociaux qui en pâtissent : des centres médicaux-sociaux ferment, les éducateurs sont agressés. Comment enrayer la violence, protéger la jeunesse quand on ne peut leur fournir un cadre sécurisant, un logement digne, quand les intervenants sont usés par manque de moyens humain, financier, et se meurent d’un manque de reconnaissance.

 

Est-il encore l’heure de chercher comment et pourquoi nous en sommes arrivés à élire des dirigeants qui mènent notre pays dans une direction inverse à celles que devraient nous dicter le bons sens, celui de nos valeurs de liberté, fraternité, égalité…

 

Car ce ne sont pas seulement les conséquences d'une politique axée sur l’égo qui prend de la hauteur, mais aussi de nous-autres, à un moment donné de notre vie, qui avons été, ou sommes encore des citoyens aveuglés par notre bien-être, ou enlisés dans trop de souffrance pour prendre dignement les rennes de son destin.

 

Mais, si on peut fermer les yeux sur ce qu’on ne veut pas voir, on ne peut fermer son cœur aux choses qu’on ne veut pas ressentir…

 

Alors gageons alors que le cœur de ceux qui s’engagent sincèrement pour l’Enfance, pour l’Humain ne feront pas l’impasse sur la démarche participative avant de prendre des décisions. Que nous soyons acteurs locaux, bénévoles au sein d’une association, salariés des collectivités, parents, mais aussi élus dans nos communes, prenons le temps nécessaire à la concertation pour mesurer les impacts de nos décisions. Affranchissons-nous du dictat de ceux qui prônent notre bien-être alors qu’ils ne sont pas sensibles à l’enfant qui est pourtant en eux. En oubliant l’Enfance et le Social, c’est l’humain qu’ils négligent, c’est une part d’eux-mêmes qui va dans les ténèbres alors qu’il y a la lumière ailleurs, autrement…

 

Il est nécessaire de ne pas banaliser la disparition de ces deux Ministères et d’œuvrer autour de nous pour que les enfants grandissent en sécurité, dans des conditions favorables à leur éducation, leur développement physique, affectif, intellectuel et social... pour qu'il soit acteur du changement dans le monde.

 

Je conclurai ce billet d'humeur sur une note personnelle, ma fierté d'être habitante de la métropole amiénoise, une ville nommée pour être "Capitale européenne de la jeunesse" en 2020. Je souhaite ardemment qu'il ne s'agisse pas d'une course au label mais bien d'un élan en faveur d'actions concrètes au niveau culturel, mais aussi social, économique des étudiants et des jeunes en situation précaire.

 

"Seule la lutte contre l'inhumain, si nous acceptons de le combattre ensemble, peut réconcilier celui qui croyait au ciel comme celui qui n'y croyait pas" - Louis Aragon

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