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Patricia DELATTRE - Psychologue

Psychologue clinicienne pour enfants, adolescents et adultes - Cabinet : 18 rue Creton 80000 AMIENS - Tél. : 06.34.23.89.18 - Mail : patricia.delattre@yahoo.fr

Dyslexie... et si c'était la dysproprioception ?

Dyslexie... et si c'était la dysproprioception ?

Il y a quelques mois je rencontrais un jeune patient Joseph, pour lequel la dyslexie était reconnue et prise en charge d’une manière innovante, et pour laquelle j’ai été intuitivement convaincue du bien-fondé : l’approche proprioceptive. Cette approche n’est pas une thérapie de plus pour traiter la dyslexie. Elle est basée sur la théorie suivante : la dyslexie serait un symptôme parmi d'autres qu'on retrouve au sein du syndrome de dysfonctionnement proprioceptif ou syndrome de déficience posturale, plus ou moins bien compensé (en cours de validation scientifique).

J’ai rencontré le Dr Balaguier, ophtalmologue spécialisé dans la proprioception, et avec lequel j’ai eu le plaisir d’échanger à propos de l’intérêt d’une prise en charge globale du patient.

La dyslexie n’est pas un trouble de l’intelligence. Au contraire, beaucoup d’enfants précoces, à haut potentiel, ont un trouble dys. Le retentissement psychologique est important car il gêne dans les apprentissages et si elle n’est pas reconnue, entraine un manque de confiance en soi, un refus scolaire, voire un échec scolaire avec dépression de l’enfant, de l’adolescent et des répercussions pour toute la famille.

En effet, nombre de mes jeunes patients sont réorientés vers des spécialistes : orthophoniste, psychomotricien, ergothérapeute, ostéopathe. Il est essentiel de se tourner également vers l’ophtalmologue spécialisé dans la proprioception pour vérifier sa vision à titre préventif dès le plus jeune âge, mais aussi lorsque le bilan du psychologique débouche sur l’hypothèse, le diagnostic de la dyslexie ou de la dyspraxie visuo-spatiale.

En effet, la proprioception est l’agent de liaison de nos sens, c’est la perception que le corps a de lui-même dans l’espace, est l’une de nos sources de connaissance les plus importantes, car on ne pense pas seulement avec notre cerveau, mais aussi avec notre corps. (Voir mon précédent article sur la sensorialité ici : http://patricia.delattre-psychologue.over-blog.fr/2016/05/renouer-avec-sa-sensorialite.html )

Or la dyslexie serait en fait liée à un mauvais fonctionnement de petites sondes sensibles que nous avons dans nos muscles (récepteurs proprioceptifs). Ces sondes renseignent notre cerveau d’une manière inexacte sur l’état de tension des muscles.

Cela me fait penser au syndrome de dysoralité sensorielle, les progrès ont permis de déculpabiliser beaucoup de parents qui pensaient s’y prendre mal dans l’introduction de l’alimentation solide de leur jeune enfant, ce dernier étant jugé difficile, voire atteint d’un problème psy alors qu’il souffrait, à l’origine, d’un problème de récepteurs des papilles gustatives, que l’on peut heureusement traiter en quelques semaines grâce à des massages buccaux et exercices chez une orthophoniste aguerrie à ce sujet. Je vous en parlerai dans un prochain article.

Je disais donc, le travail en collaboration avec l’ophtalmologue spécialisé dans la proprioception permet donc de détecter les signes d’un syndrome de déficience posturale, de permettre une prise en charge adéquate de l’enfant et de l’aider au mieux dans sa scolarité.

La prise en charge psychologique globale permet alors de faire le lien entre les différents intervenants, de donner un espace de paroles aux parents fatigués en bout de parcours, de valoriser les apports de chacun des professionnels et reconnaitre les bénéfices de cet investissement, les progrès de l’enfant, l’encourager et lui proposer des activités thérapeutiques visant à consolider son estime de soi, à partir de son image corporelle, sa sensorialité, et ainsi développer confiance en soi et habiletés sociales.

Pour l’histoire, c’est le travail conjoint d’un ophtalmologiste ( Professeur Alves da Silva ) et d’un médecin rééducateur ( Professeur Martin da Cunha ) à qui nous devons ce syndrome découvert dans les années 90, à Lisbonne, ville du Portugal que j’affectionne ;-)

Mais revenons à notre syndrome de déficience posturale : il est responsable de troubles musculaires, de troubles de l’orientation, de troubles de la concentration, de fatigue chronique et de maladresse anormale dont l’intensité est très variable d’un sujet à l’autre. Il entraine des troubles dans les apprentissages.

Les troubles posturaux sont discrets chez l’enfant et augmentent avec l’âge, d’où l’adage souvent retrouvé dans la famille : «  les vieux dyslexiques deviennent des lombalgiques ».

En résumé, la prise en charge de la dyslexie ne doit donc pas être prise en charge isolément mais de manière multifocale par :

- le port de verres correcteurs (médecin traitant, pédiatre orientent vers l'ophtalmologue dès le plus jeune âge)

- la mise en place de postures particulières pour la lecture et le sommeil et mouvements de relaxation (ergothérapeute, psychomotricien, sophrologue, psychothérapeute)

- le port de semelles dites « semelles proprioceptives » (podologue)

- et la prise en charge selon les besoins spécifiques : psychothérapie comme nous l'avons évoqué, orthophoniste, ergothérapeute, psychomotricien, mais aussi ostéopathe, podologue et orthodontiste (un appareil dentaire mal placé, une dent arrachée peuvent avoir des répercussions sur la position de la mâchoire et entrainer des troubles de la postures, etc...)

Une série de 7 films tirée d'une conférence réalisée en 2010 à Caen par le Docteur Quercia exposant l'intérêt de prendre en compte la proprioception dans le traitement de la dyslexie du développement.

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